Description

Ne vous attardez pas aux apparences. Ce n’est pas parce que quelqu’un a l’air gentil qu’il est nécessairement, ce n’est pas parce que quelqu’un est beau qu’il est nécessairement bête ou tout simplement stupide et ce n’est pas parce que le bâtiment est joli extérieurement qu’il l’est nécessairement joli à l’intérieur. L’apparence est la plus trompeuse des conseillères... Pourtant dans certains cas il n’y a qu’elle à qui on peut se fier.

L’appartement se trouve dans un immeuble sale, vide, à qui on donnerait bien comme premier impression une insalubrité à toute épreuve. La misère et la saleté semblent régnés dans ce lieu lourd et peu accueillants. C’est pourtant là que Theo a élu domicile. N’ayant jamais vécu dans ce qu’on peut appeler le luxe, ou la richesse, ou même le confort, cet endroit suffit au jeune homme et il s’en contente même avec ravissement. Les quartiers ont l’air dangereux, mais après tout, que risque un violeur dans un trou de criminels et de débauchés ? Situé entre une maison close et un repaire de contrebandiers, l’immeuble de Theo se tenait, incertain, comme prêt à s’écrouler. Mais rien ne fait peur à cet homme qui a le courage de rentrer chaque jour de cette bâtisse croulante et d’en ressortir encore vivant !

Son appartement se trouve au sixième étage de cette bâtisse des plus étranges. Alors qu’on pénètre dans l’entrée de l’immeuble, on remarque déjà les premiers signes d’humidité au mur, qui rende l’atmosphère un peu lourde. Le bureau du concierge se trouve juste à côté de l’ascenseur –qui est en passe évidemment. Le concierge est un homme qui fait peur à n’importe qui, à cause de son allure massive et imposante, mais au fond c’est un brave homme qui cherche juste à se faire une place quelque part. Le sourire qu’il esquisse lorsqu’un visiteur passe devant chez lui ressemble vaguement à un rictus de colère, ce qui a vite fait de dissuader les voleurs ainsi que certains clients potentiels.

Les six étages gravis, on parvient à un couloir sombre : toutes les lampes ont été cassées par une mystérieuse coïncidence. Peu de personnes vivent là : un « couple » de personnes âgées au numéro 642, un junkie totalement stone au 637, et Theo, au 666. Le chiffre du Diable... Pas mal, n’est-ce pas ? En tout cas, il entretient peu de relations avec ses voisins, bien qu’il ne les prive jamais d’un salut froid et le plus distant s’il en croise un. A vrai dire, le caractère intelligent et sadique du violeur ne cadre pas vraiment avec l’environnement où il vit... Mais si c’est lui qui a décidé de vivre à cet endroit... Personne ne pourra le faire changer d’avis.

Son appartement est miteux, miteux et miteux... ah oui, j’en oubliais presque petit. À se demander comment une personne saine d’esprit peut accepter de vivre dans un endroit pareil. Alors qu’on pousse la porte avec le numéro « 666 » inscrit dessus, les effluves du bois pourri parviennent déjà aux narines. Soudain, la porte bloque alors qu’elle n’est qu’à moitié ouverte : logique puisqu’il se trouve juste derrière cette porte une pile énorme de chaussures, restes des dernières victimes de Theo. C'est bien là que passent ses maigres bénéfices. Il a déjà calculé et, sans cette passion pour les chaussures, il aurait été capable de s'acheter une grande maison, ou, au minimum, un homme de ménage –ooh oui ! Avec pour seul vêtement un tablier et un petit plumeau ^^ Hum, on s’écarte du sujet là-. On finit par débouler - au sens propre du terme - dans le vestibule après avoir envoyé un grand coup d'épaule dans la porte. Heureusement que personne ne regarde car c'est le geste le moins élégant qu’on puisse poser de toute ma vie.

On marche lentement vers la cuisine; petite pièce fort simple, petite et... avec un comptoir débordant de vaisselle. Eh oui, Theo n’est pas ce qu’il y a de plus militant pour ce qui est de la propreté et du moment qu’il trouve un couvert propre, manger ne pose aucun problème. On remarque bien vite que le micro-ondes n’est pas en marche : normal vu que ça fait près d’une semaine que Theo n’a pas payé sa facture d’électricité. Mais, les méthodes douces étaient toujours les meilleurs, un homme de la compagnie passerait bientôt chez lui et il saurait se montrer convaincant... Au sens propre du terme. Après tout, qui ne risque rien, n’a rien, n’est-ce pas ?

Le salon porte encore les traces de son dernier coup; un drap plein de sueur et d'autres choses traînent sur le divan, en boulette et la table est croche. Un petit coup d'oeil vite et on s'aperçoit que l'une des pattes est cassée. Faudrait bien qu’il range tout ce bordel avant de réinviter quelqu'un ici, sinon il risque d’y avoir un blessé grave, avec des risques d’infection et de tétanos.

La salle de bain et sa chambre sont les seuls endroits qui restent impeccables à temps plein. Il n'aime pas se laver dans la saleté, ni y dormir. C'est d'ailleurs pourquoi il est rare qu’il tire un coup dans son lit à lui. Il préfère et de loin s’inviter chez les gens. Ça lui évite d'avoir à ranger l'appartement trop souvent. D’ailleurs, à bien y réfléchir, on sait que cette résidence convient parfaitement à Theo, reflétant comme le chaos dans son cœur et son sombre état d’esprit...